La fille qui voulait devenir riche pour pouvoir aller voir des films pourris

Parce que tout blog de fille qui se respecte ne manque jamais de faire la promotion de tout un tas de bricoles inutiles qui épateront tes keupines et te rendront plus belle, plus mince mais pas moins con

Sur un vrai blog de fille, pour peu que le succès soit au rendez-vous, c’est-à-dire si au moins un bon millier de courges disposant d’un nombre limité de neurones viennent quotidiennement s’extasier sur (par exemple) le dernier gilet en poils de lapin de chez Louis Vuitton (offert par ce brave Louis à la blogueuse en question, en échange d’une petite pipe virtuelle prodiguée sous la forme d’un billet vantant les mérites dudit gilet), sur un vrai blog de fille à succès, disais-je, il n’est pas rare de tomber régulièrement sur un billet dit « sponsorisé ».

Un billet « sponsorisé », c’est comme un billet de blog classique, sauf que ça parle obligatoirement de sapes, de rouge à lèvres, de sac à main fashion ou d’aspirateur dernier cri.
Un billet « sponsorisé », c’est un billet qui ne set qu’à monter un petit coup de pute de pub en faveur d’un produit considéré comme FF (Forcément Féminin) et contre lequel la blogueuse va toucher, au choix, un chèque de remerciement, un voyage de remerciement, une caisse de champagne de remerciement ou un abonnement à vie de remerciement (parfois tout ça en même temps, mais alors faut que la blogueuse, elle ait largement franchi le seuil symbolique des mille courges loleuses sur son blog, et puis qu’elle ait suffisamment de talent pour en convaincre au moins 10% de se faire dépouiller la bouche en cœur par l’annonceur, ce qui n’est pas donné à tout le monde, loin de là, n’est pas péripatéticienne en chef qui veut, ça non).

J’ai l’air d’une grosse jalouse, hein, à débiner les blogueurs à chromosomes « XX » qui tapinent arrondissent leurs fins de mois en acceptant le rôle d’animatrice peroxydée au sourire indéboulonnable, genre Valérie Pascale sur M6 boutique?
Je sais.
En vrai, bien sûr, je suis une grosse jalouse.

Parce que moi aussi, en vrai, je rêve de gagner des sous. Ou du champagne . Ou un voyage. Je me contenterais même d’une place de cinoche gratuite, ce qui me permettrait d’aller voir Valentine’s Day, une grosse merde sentimentale avec Jessica Albla et Ashton Kutcher (preuve indubitable de son degré de nullité) qui parle (sans blague) de la Saint-Valentin et des couples qui se séparent, se retrouvent, s’appellent sur leur Blackberry, se séparent, copulent, se séparent, s’appellent sur leur Blackberry, copulent, se retrouvent, se séparent, copulent sur leur BlackberryUn bien beau film, donc, sur lequel je brûle de vomir quelques insanités dans ces pages mais pour lequel il est hors de question que je débourse ne serait-ce qu’un centime, et que donc ça m’arrangerait carrément qu’un annonceur quelconque me paye la place en échange d’un billet flatteur et servile.

Tiens, je suis prête à écrire vingt-cinq lignes dithyrambiques sur le côté pratique, essentiel et tellement hype des toutes nouvelles poires à lavement en  silicone, si douces au contact et surtout indispensables à toute vraie gonzesse qui se respecte, que ça ferait carrément classe, associé à tes nouvelles chaussures André (entièrement conçues et designed par des blogueuses ultra-célèbres, prosterne-toi et admire, furoncle insignifiant), surtout si tu oses la couleur (le orange par exemple).

Je sais pas pourquoi, mais je sens que c’est le début de la fortune.

Catégories : Soirées Tupperware et furoncles pilo-sébacés | Étiquettes : , , | 6 Commentaires

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6 réflexions sur “La fille qui voulait devenir riche pour pouvoir aller voir des films pourris

  1. Chloé

    J’imagine très bien une « fashion victim » avec ce genre d’accessoire qui dépasse de son sac…accompagné d’un vibromasseur japonais…Rhôôô, c’est pas charitable…

  2. Tu résumes tellement bien la réalité … je me suis bien poilé en tout cas!

    • Merci…et toi tu m’obliges à m’intéresser davantage à Twitter, parce que vous êtes je sais pas combien à atterrir ici par ce biais, et ça c’est mal (j’avais juré-craché que Twitter ne passerait pas par moi…)

  3. Charles-Marie

    Le seul André que je connaisse, c’est « André the giant »…et je n’ai même pas honte.

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