Varices, hémorroïdes et autres joies indescriptibles de la maternité

La fille qui voulait te faire gagner un prix qui déchire son slip

Parce qu’un blog de fille influent et racoleur se doit de proposer régulièrement à ses lectrices toutes sortes de jeux à la con qui permettent aux marques de cosmétiques, de serviettes hygiéniques et de papier toilette de refourguer leurs invendus à peu de frais.

Chère lectrice, vu que le Pas Blog de Fille va fermer ses portes dans pas longtemps pour cause de congés annuels de chômeuse, je me suis dit qu’on pourrait, toi et moi, se séparer sur une note carrément positive et fraîche, une petite touche humoristique et altruiste à la fois, comme si on était sur un vrai blog de fille très populaire et très con, comme si j’étais une vraie blogueuse influente très célèbre et très généreuse, tellement généreuse que j’aurais même envie de te faire gagner des trucs inutiles mais quand même chers, que mes souteneurs sponsors m’auraient chargée de te balancer charitablement, un peu comme on lance du grain de maïs à un groupe de poules bien braves. Vite, la suite!

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La fille qui trouvait que les filles ne sont pas assez filles (et qu’il faut que ça change, bordel)

Je suis inquiétude et turlupinage, ma courge.
Si.
Figure-toi que ma gamine m’a récemment demandé le CD de Pierre et le loup pour son anniversaire.

Oui, tu penses bien que j’ai tiqué. Vite, la suite!

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La fille qui emmènerait bien son enfant voir « Massacre à la tronçonneuse »

Parce qu’une blogueuse populaire et branchée se fait toujours un devoir de te montrer à quel point elle est une jeune maman active et dynamique, toute en humoristique complicité et en émouvante tendresse avec sa progéniture (qui lui permet au passage de rédiger quelques juteux billets sponsorisés par Kiabi ou Mattel)

Phlegmon (c’est ma fille) a adoré La princesse et la grenouille.

Au début, ça m’a vachement étonnée qu’elle ait envie de se fader un Disney, vu que ma fille, ben elle est un peu comme moi au même âge, question dessins animés: elle accroche pas avec les blondasses évaporées nonchalamment étendues sur des lits à baldaquins et qui attendent qu’un mongolien coiffé comme un personnage secondaire des Feux de l’amour vienne les délivrer du méchant dragon, de la vilaine sorcière ou du délégué syndical enragé qui les a prises en otage.
Phlegmon, ce qui la branche depuis qu’elle a l’âge de dire « anosognosie » (donc depuis qu’elle a environ huit mois), c’est les trucs un peu bizarres, limite angoissants.
Phlegmon, elle kiffe plutôt Tim Burton. Elle est fan absolue de L’étrange Noël de Monsieur jack. Elle se passe Les noces funèbres en boucle. Elle a pas encore maté Sweeney Todd, le barbier qui égorge ses clients à grands coups de rasoir, mais elle trouve Sleepy Hollow carrément trop bien (elle est un peu tombée amoureuse de Christopher Walken qui interprète le sympathique cavalier sans tête avec une bouche remplie de chicots tout pourris).

Donc, quand Phlegmon m’a demandé si je pouvais l’emmener voir La princesse et la grenouille au multiplex du coin, j’ai un peu tiqué, parce que je me demandais si elle couvait pas quelque chose. Les enfants, à cinq ans, ça peut couver tout plein de maladies, n’importe quelle blogueuse fille te le dira dans sa rubrique « trop cool d’être une maman », entre un patron de scrapbooking en forme de séraphin et un remède de grand-mère contre les règles douloureuses (jamais une blogueuse qui souhaite augmenter son audience n’ira conseiller à ses lectrices de prendre un comprimé de Paracétamol).

Mais quand je suis ressortie de la salle, je te rassure: je me sentais mieux et j’avais plus d’inquiétude.

Parce que Phlegmon, elle a pas craqué sur le bête sosie de Barak Obama qui sert de prince charmant. Elle a même pas remarqué, d’ailleurs, que les héros étaient tous des Noirs pour la première fois dans l’histoire de la secte Disney. Non, Phlegmon n’a pas percuté sur le message politique trop émouvant tellement il est courageux (« les Noirs sont, en fait, des gens comme les autres, à part qu’ils sont Noirs »).
Phlegmon, ce qu’elle avait repéré dans la bande-annonce à la téloche, c’est le coup du Vaudou.
Ben oui, parce que l’histoire se passe à la Nouvelle Orléans, alors forcément, on n’allait pas nous parler des inondations de 2005 à cause de Katrina, ni du taux de chômage, non plus, on est pas là pour réfléchir, c’est un Disney, n’oublie pas. Non, la Nouvelle Orléans dans les années 30, c’est le jazz, les Noirs qui swinguent et sourient tout le temps même s’ils sont dans la misère (le Noir est un peu benêt, mais bon musicien, excellent danseur, et tellement sympathique), le gumbo bien épicé, les Cajuns forcément complètement arriérés, le bayou rempli d’alligators et le Vaudou. Que des clichés à la con, mais plus c’est con plus c’est bon, c’est pour ça qu’on a tous raqué pour aller voir Avatar et qu’on a même pas honte de le dire.

Donc, dès que le méchant sorcier vaudou a commencé à emmerder l’héroïne, Phlegmon (qui avait l’air de s’ennuyer ferme depuis le début) s’est transformé du tout au tout.
D’abord,  le vilain sorcier signe tout un tas de contrats avec son sang et engage son âme en prenant de crédits revolving auprès du Diable, un peu comme un client de la BNP ou de la Société Générale , et l’arnaque à la Faust, ma fille, ça lui a plu au-delà de tout, à croire qu’elle est en train d’envisager une carrière dans la banque.
Après, le coup des esprits de l’Au-Delà qui ont des griffes et des dents de partout et qui beuglent comme des fantômes atteints du syndrome de Gilles de la Tourette , ça l’a littéralement mise en transe. Limite elle salivait de bonheur pendant que les autres gamins commençaient à faire pipi dans leur culotte.
Et puis le summum, on l’a atteint quand le sorcier sort une de ses fameuses poupées de chiffon dans lesquelles on plante des épingles longues comme le bras. Alors là, Phlegmon s’est mise à hululer de joie alors que tous les chiards dans la salle se mettaient à pleurnicher et à se lover dans les bras de leurs mamans. D’ailleurs, les mamans, elles ont commencé à me regarder de travers, comme si c’était ma faute (j’ai l’habitude, ça m’arrive souvent, mais des fois c’est gavant quand même). Phlegmon, elle était debout sur son siège et elle sautait sur place en faisant des bruits, et d’un seul coup y’a eu un grand silence dans la salle (enfin, on entendait encore le film et le sorcier qui hurlait « à moooooort! » d’une voix très caverneuse) et toutes les mamans ont dardé leurs regards sur nous, et crois-moi qu’elles avaient autant de feu dans leurs yeux que le sorcier en lançait sur les pauvres grenouilles (qui n’étaient pas de vraies grenouilles, mais des Noirs très sympathiques transformés en grenouille par les esprits de l’Au-Delà).

A la fin du film, bien sûr, le sorcier part brûler en Enfer, Barak Obama redevient milliardaire (oui, au début du film il est fauché comme les blés, c’est la seule touche de réalisme du film, d’ailleurs, un Noir dans la dèche), il épouse Halle Berry et ils ouvrent un grand restaurant qui attire des milliers de clients fortunés (je te rappelle que ça se passe dans le Sud, dans les années 30 ou 40, alors je vois ça d’ici, deux Noirs qui tiennent un restau branché dans lequel tous les membres du KKK viennent se payer un bon gumbo entre deux lynchages).
Quand les lumières se sont rallumées, la jeune maman qui était assise à ma droite m’a regardée comme si je venais de lui roter bruyamment au visage. Elle tenait son fiston par la main, un gosse qui devait avoir pas loin de huit ans, avec une drôle de tête comme une montgolfière et qui suçotait vaguement l’oreille d’un ours en peluche cradingue, le regard vide et le cheveux gras.

– Dites, madame, faudrait penser à consulter, quand même, parce que votre fille, permettez-moi de vous dire le fond de ma pensée, ben elle doit avoir un problème dans sa tête!

Je l’ai regardée tout pareil et puis j’ai jeté un regard à l’héritier.

– C’est ça, on lui dira. Et Mongolito, il a flirté d’un peu trop près avec les forceps, ou bien il est juste hydrocéphale?

Phlegmon m’a demandé, une fois rentrées à la maison, si elle pouvait organiser une sorte de goûter vaudou et inviter des filles de son école maternelle à venir piquer des poupées avec des épingles en buvant du faux sang de singe momifié.
Franchement, je vois pas pourquoi j’aurais refusé.

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La fille qui trouvait que quand même, ça s’arrange

« Avoir des enfants, je ne peux pas vous dire, c’est tellement trop du bonheur, c’est au-delà des mots, ça n’a pas de prix…(N’oubliez pas de cliquer sur la bannière publicitaire pour Vertbaudet en bas de cet article et sur l’encart clignotant pour Petit Bateau, là, à droite)…Qu’est-ce que je disais, déjà? Ah oui! Avoir des enfants, c’est inestimable, ça n’a pas de prix! »


Une célèbre blogueuse, mère de famille et fière de l’être

J’ai déjà mentionné que Phlegmon (c’est le surnom de ma fille) était un peu l’héritière spirituelle d’Hannibal Lecter et de Mercredi Addams, rapport au fait qu’elle a un quotient intellectuel proprement flippant et une propension à disséquer les choses (au sens propre comme au sens figuré) toute aussi flippante (sinon plus, enfin c’est ce que dit la maîtresse, mais c’est parce qu’elle n’a jamais entendu parler de Damien Thorn, qu’à côté ma fille c’est Princesse Sarah au pays de Candy, tu peux me croire).

Phlegmon est donc partie en vacances chez ma belle-mère depuis maintenant cinq  jours, et je suis quand même vachement contente, d’une part parce qu’aucun animal domestique n’a encore disparu dans le lotissement, (et ça c’est bien la preuve que la phase « comment c’est fait dedans? » est vraiment terminée chez ma fille) et d’autre part parce que j’ai reçu ce matin une petite lettre toute mignonne, maladroitement écrite par ma douce progéniture (je te rappelle qu’elle n’a pas encore six ans, alors rien que le fait d’aligner quatre mots par écrit sans fautes d’orthographe je trouve ça limite digne d’un Prix Nobel, ou à défaut d’un article de Madame Figaro ), et accompagnée d’un adorable petit dessin.

Et comme je le disais à Loutre, qui ne voulait pas me croire (Loutre a tendance à regarder Phlegmon comme on scrute un crotale assoupi au soleil sur un rocher ), eh ben je trouve que finalement, ça s’arrange.

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La fille qui avait un jour tourné un film d’horreur

Parce que tout blog de fille qui se respecte ne manque jamais d’évoquer les joies ineffables de la maternité, de la première dent de la petite Léa aux régurgitations  verdâtres du merveilleux Alexandre

C’est un fait désormais bien établi, accepté par à peu près tout le monde (c’est-à-dire moi-même, myself, ma pomme et mézigue):
Le caméscope peut non seulement apparaître comme le symbole ultime de la beaufitude la plus crasse, mais également se transformer, si l’on n’y prend garde, en véritable arme de destruction massive.

A l’époque déjà relativement lointaine où je me suis découverte fertile et gravide, ma joie s’est exprimée de diverses façons. Citons les borborygmes féminins totalement incompréhensibles (« mmphheureuse », « argghhtrobien », « ouhhhputain »), le regard bovin et hagard de la femelle complètement centrée sur sa matrice et parfaitement indifférente aux rotations de la planète (ainsi qu’à l’actualité, à la météo, aux cours de la Bourse et à tout ce qui ne concerne pas directement les troubles urinaires et les petites nausées de la grossesse), ainsi que la débilité profonde qui s’installe insidieusement et se manifeste par des onomatopées primitives dès qu’un nourrisson apparaît sur l’écran du téléviseur ou sur la couverture d’un ridicule magazine féminin.
Ayant régressé au stade primaire de l’homo sapiens de sexe féminin sur le point de pondre, la future jeune maman exprime, le plus souvent, un désir nouveau et parfois en contradiction totale avec sa nature profonde: celui d’acquérir, de manière urgente, l’un de ces appareils bourrés de technologie japonaise à bas prix et qui font fureur dans les catalogues de vente par correspondance, j’ai nommé le caméscope numérique.
N’ayant point échappé à cette pathologie mentale lourdement handicapante provoquée par la gestation, je devins, il y a quelques années, l’heureuse propriétaire d’un tel appareil, qui se transforma rapidement en un prolongement technico-organique de mon petit corps enflé et boudiné, semblable à un troisième bras, à un troisième oeil, voire même à un deuxième cerveau (ce qui, me concernant, n’était somme toute pas un luxe).

Non seulement je me mis à filmer la moindre minute de ma merveilleuse grossesse, mais en plus, une fois le monstre enfin mis au monde (après des heures de dur labeur, que même une appendicectomie sans anesthésie c’est du flanc, en comparaison), je fus prise d’une véritable frénésie filmique, comme si, en laissant échapper le moindre moment de cette vie fraîchement démoulée, bavante et hurlante, je risquais d’en perdre le souvenir à jamais (parfois je  me demande où je vais chercher tout ça)


Après avoir gaspillé des kilomètres de bande pour saisir la moindre de mes varices gestationnelles, je me mis donc à traquer le plus petit vagissement, la plus insignifiante œillade de ma toute jeune progéniture, avec un acharnement et un enthousiasme qui frisaient la pathologie mentale caractérisée.
Or, dans mon hystérie maternelle quotidienne, il ne me vint bien sûr pas un seul instant à l’esprit que tout ce que je gravais consciencieusement sur disque allait, sauf tsunami imprévu ou séisme apocalyptique,  passer à la postérité sous forme de gigabits d’images animées confinant au pathétique.

Et comme il m’arrive, une fois environ tous les dix ans, d’éprouver ce qu’on peut appeler de la nostalgie pour ce qui fut et n’est plus, je me suis surprise, il y a quelques jours, à faire défiler sur l’écran de ma télévision la totalité des rushes autrefois engrangés et imprudemment stockés dans le ventre d’un super-ordinateur.

J’aurais bien évidemment mieux fait de choisir de me tirer une balle après avoir ingéré du cyanure tout en me mettant la tête dans le four.

Car enfin, que constate une femme plus ou moins politiquement éveillée, à quelques années de ce que l’on nomme pudiquement l’âge mûr, relativement bien dans ses baskets, équilibrée dans sa vie professionnelle et se considérant elle-même comme suffisamment adulte pour mener de front une vie de famille, une carrière et divers engagements associatifs?
Ce qu’elle voit, au moment où elle prend la responsabilité d’appuyer sur la touche « play », c’est une attardée mentale profondément atteinte, qui sourit béatement à l’objectif en agitant la main, et qui, à chaque mouvement de son marmot, se met à braire en convulsant comme un âne atteint de la maladie de Parkinson tandis qu’un mince filet de bave lui dégouline sur le menton.
Ce dont elle est témoin, ce n’est rien d’autre que la négation même de toute notion d’intelligence et d’évolution de l’espèce, lorsqu’elle se voit en train de bêler « ouhhhhhhh » et « hiiiiiii » à chaque flatulence enfantine.
Ce qu’elle contemple, c’est tout simplement l’illustration de la connerie la plus consternante, quand elle se regarde en train de brailler « kikou » et « braaaaavo » à chaque grognement, chaque geste maladroit exécuté par le chiard en question.
Phlegmon rote bruyamment et régurgite un kilo de carottes écrasées?
« Ouuhhhhhhh! »
Phlegmon envoie un scud de matières fécales sur le carrelage de la salle de bains pendant qu’on lui change sa couche?
« Hiiiiiii ! »
Phlegmon s’écrie, entre deux pets sonores, « blaaatêpurge » tout en se bouffant les pieds dans la position du yogi en pleine méditation transcendantale?
« Braaaaaaavo ! »
Phlegmon glisse un regard indifférent et morne à la caméra, trop occupée à arracher le cartilage des oreilles du vieux matou de la famille?
« Kikou ! »

Le summum de l’horreur a évidemment été atteint lorsque Loutre, qui d’ordinaire daigne pointer le bout de son museau après dix-neuf heures, m’a littéralement poignardée dans le dos en osant regagner ses pénates avant le crépuscule, me trouvant prostrée dans le canapé, accablée, muette face à cette autre moi-même qui se vautrait joyeusement dans la fange la plus affligeante du gâtisme maternel.

Je passe rapidement sur le fou-rire semblable aux jappements pervers d’une hyène psychopathe qui a immédiatement saisi l’immonde créature et l’a envoyée se rouler par terre pendant cinq bonnes minutes, tandis que j’essayais courageusement de lui ouvrir la gorge avec un épluche-légumes émoussé.

Accessoirement, j’ai peut-être trouvé un début d’embryon d’explication au fait que ma fille soit rapidement devenue une étrange petite personne au Q.I de Prix Nobel de littérature, totalement infoutue de nouer des lacets ou de monter sur un vélo mais parfaitement à même d’exprimer des théories assez valables sur le sens de la vie, la profondeur abyssale du concept d’infinitude ou les causes intrinsèques des pulsions violentes chez l’enfant unique.

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