Hier, j’ai entendu de drôles de choses derrière la porte de notre chambre.
Dans la chambre, au départ, y’avait Loutre qui regardait une série hollandaise très haletante à propos d’un réseau de prostituées blondes et sexy qui sont pourchassées par des mafieux bruns et repoussants dans le port d’Amsterdam (où y’a des marins qui chantent mais sauf que là c’est des mafieux) (bruns et repoussants) (les mafieux, pas les marins).
Mais sauf que là, j’entendais plus les prostituées qui criaient « Help me, in plakjes snijden in de haven van Amsterdam waar zeelieden zingen » (le hollandais est une langue très douce, un peu comme l’allemand et le japonais).
A la place, j’entendais une voix qui ressemblait à celle d’Ulla (la gentille dame du Minitel qui te proposait des choses sales et payantes en 1989), et Ulla était en train de donner des ordres à Loutre, et j’ai trouvé que tout ça commençait à sentir le faisandé, alors j’ai ouvert la porte très vite et très fort en donnant un grand coup de pied dedans, comme dans un film de Luc Besson (où il y a toujours des prostituées blondes et des mafieux bruns et repoussants, et aussi des personnes d’origine asiatique et des voitures rapides, quand on y pense).
La fille qui s’essayait à la méditation transcendantale à Dakshinkali sur fond de Motörhead
La fille qui génocidait des Davidiens à Waco en lisant la Divine Comédie
Avec Phlegmon, on s’est un peu pouillées pour savoir qui aurait accès à la télé pendant la confination.
Elle, elle est obsédée par un truc qui s’appelle JoJo’s Bizarre Adventure (ジョジョの奇妙な冒険, JoJo no kimyō na bōken en phonétique) et qui ressemble à un remake de Ken le Survivant, mais sans les blagues et en version originale. C’est rempli de messieurs très musclés, très huilés et très forts en kung-fu, qui sont tous homosexuels mais sans vraiment le savoir et qui déchainent les pouvoirs des esprits qui sont à l’intérieur d’eux pour se battre à coups de boules de feu en criant très fort « AHEUUUIIIKÔÔ ».
Moi, je m’occupe l’esprit en jouant à Far Cry 5, qui est un jeu de réflexion et d’intelligence dans lequel tu évolues au milieu de citoyens américains habillés en salopettes bleues et en teeshirts « Make America Great Again », dans un endroit un peu perdu qui s’appelle le Montana, et où tu dois exterminer à peu près tout le monde au lance-flamme en disant le plus de gros mots possibles.
La fille qui cherchait des alternatives acceptables au suicide collectif en période de confination
Avec la confination le confinement et tout ça, quand même j’ai le droit de dire qu’on se fait un peu chier dans notre maison de la campagne bretonne.
Comme on a même pas la fibre mais seulement l’ADSL de la campagne, j’arrive plus trop à regarder « Mindhunters » ni « Ozark » sur Netflix, rapport à tous les confinés qui utilisent l’internet en même temps que moi et qui font qu’avec le nombre de pixels à l’écran, tu ne peux pas affirmer que tu es devant « Strangers Things » vu que ça pourrait tout aussi bien être une rediffusion de « Marie Pervenche ».
Ce manque de Netflix génère beaucoup de frustration à l’intérieur de moi, et du coup forcément ça fait des histoires.
La fille qui commençait un élevage d’Escherichia coli dans sa voûte capillaire
Chère Frida,
Au sixième jour de confinement, tout baigne.
Mais sauf qu’en fait, il y a quand même un truc auquel j’avais pas trop pensé au début et qui, du coup, m’angoisse un peu.
C’est le coiffeur.
La fille qui égrenait ses meilleurs souvenirs avant d’être intubée par un gynécologue en retraite
Avec toutes ces histoires de virus qui ont des noms de boissons alcoolisées, je dois dire que même moi, je commence à avoir un peu peur.
C’est pas qu’il y ait grand-monde dans notre campagne bretonne (à part le Claude, au lieu dit « Le Bec de Lièvre » (je t’en ai déjà parlé y’a un moment), on est plutôt pas envahis.
Mais bon, je me dis qu’il suffit que j’aille chez Brico-Dépôt acheter une clé
haleineà l’aineune clé pour serrer des choses qui se serrent, et que je tombe sur Jacques au rayon anabolisants pour ruminants, et même si on se fait pas la bise, eh ben va savoir ce qu’il pourrait me transmettre à distance (à part sa passion sexuelle pour Frédéric Nihous, qui doit être sacrément contagieuse vu que beaucoup de conducteurs de tracteurs la partagent).Lire la suite →